Un professeur de l’UQAM cosigne une étude pour contrer le virus de l’influenza aviaire H5N1

Le 9 septembre 2024 – Le professeur du Département des sciences biologiques Denis Archambault a cosigné avec des collaborateurs de différents laboratoires au Canada et en France, dont Steve Bourgault, professeur au Département de chimie, une étude publiée le 5 septembre dernier dans le prestigieux journal NPJ Vaccines – Nature. L’étude porte sur une nouvelle préparation vaccinale contre l’influenza aviaire A H5N1 conçue par l’équipe à l’aide de nanoparticules. Ses résultats montrent que des poulets immunisés grâce à cette préparation ont été protégés à 100 %, sans signes cliniques de la maladie, sans excrétion virale et sans lésions pathologiques, dans le cadre d’une infection expérimentale. Il s’agit d’une première dans la lutte contre cette maladie hautement contagieuse.


Une immunité stérilisante

Selon Denis Archambault, de tels résultats font preuve d’une immunité «stérilisante». «On dit qu’une immunité est stérilisante quand la transmission virale d’un individu à un autre est complètement annihilée, étant donné l’absence d’excrétion virale», explique le chercheur. Cet avantage est crucial pour prévenir les épidémies.

«Ce qui est encore plus important, c’est que ces résultats ont été obtenus lors d’expériences conduites dans un système d’infection hétérologue», note Denis Archambault. En d’autres mots, la souche de H5N1 ayant servi à infecter les poulets était très loin, phylogénétiquement, de celle qui a servi à préparer une partie du matériel vaccinal, en l’occurrence une protéine appelée HA (hémagglutinine) située à la surface des virus. «Le caractère unique de notre approche réside dans ce haut degré de divergence, souligne le chercheur. Cela implique que la formulation vaccinale développée par notre équipe peut être considérée comme un vaccin dit “universel” et contrer n’importe quel variant du virus influenza H5N1.»

Cette préparation vaccinale incorpore des nanoparticules contenant une séquence en acides aminés conservée entre les souches virales, appelée M2e, en plus d’une protéine recombinante, soit la partie globulaire HA1 de la protéine HA. La combinaison de ces éléments s’est avérée nettement plus efficace que lorsqu’ils étaient inoculés séparément.


Un virus largement répandu

Le virus H5N1 est présent dans de nombreux endroits de la planète, incluant l’Asie, l’Amérique du Sud, l’Europe, les États-Unis et le Canada. Ce virus entraîne un nombre élevé de décès dans l’industrie avicole, avec des taux de mortalité pouvant varier de 95 à 100 % en très peu de temps. En France, la grippe aviaire occasionne des pertes désastreuses chez les éleveurs de canards destinés à la production du foie gras. Même si les canards sont, comme la plupart des oiseaux sauvages, asymptomatiques, ils répandent le virus dans l’environnement et doivent être abattus préventivement. Au printemps 2022, l’entreprise québécoise Canards du Lac Brome avait dû, elle aussi, euthanasier quelque 150 000 canards pour prévenir la propagation du virus.

Le H5N1 a aussi été détecté chez des mammifères marins tels que le phoque et le morse, et, ce qui est encore plus inquiétant, chez des animaux domestiques comme le chien. En avril dernier, des cas ont été rapportés aux États-Unis chez la vache et le chat.

Ces différents cas suggèrent que la grippe aviaire s’adapte de plus en plus aux mammifères. «Le virus H5N1 et ses semblables représentent possiblement l’une des plus grandes menaces pour l’humain depuis la grippe espagnole de 1918, avance Denis Archambault. Fait à noter, des taux de létalité de 52 à 62 % ont été rapportés chez des humains exposés au virus.» En comparaison, les estimations du taux de létalité de la COVID-19, avant l’introduction des vaccins, variaient entre 0,5 et 1 %.

Heureusement, l’infection chez l’humain par la grippe aviaire demeure rare. Jusqu’à maintenant, elle se limitait aux personnes travaillant en milieu agricole ou ayant été en contact avec des volailles ou du bétail contaminés. Or, la semaine dernière, une infection a été rapportée chez un Américain qui n’a eu aucune exposition connue à des animaux ou des oiseaux porteurs. Toujours sous enquête, ce cas signalé par les autorités de santé de l’État du Missouri fait craindre une possible propagation dans la communauté.

La transmission du virus H5N1 d’humain à humain pourrait-elle devenir réalité? Selon Denis Archambault et plusieurs autres scientifiques, la question n’est pas de savoir si cela va arriver, mais bien quand. «Notre découverte revêt une importance capitale puisqu’elle fournit un outil vaccinal à la fine pointe de la technologie pour combattre ce fléau potentiel», déclare le professeur.

Denis Archambault a grandi sur une ferme laitière et a pratiqué pendant quelques années comme médecin vétérinaire avant de compléter un doctorat en microbiologie et immunologie, et de se consacrer à la recherche. «Les efforts pour contrer ce virus de la grippe aviaire me tiennent tout particulièrement à cœur», confie le chercheur.

Cette recherche, dirigée par Denis Archambault comme chercheur principal, a été réalisée grâce à des subventions majeures du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et de la Fondation Bill & Melinda Gates. Les résultats ont fait l’objet d’une demande de brevet et plusieurs partenaires pharmaceutiques potentiels en Europe, aux États-Unis et au Canada ont déjà démontré un intérêt pour cette découverte dans le cadre d’une utilisation non seulement chez les animaux, mais aussi chez l’humain.

Parmi les chercheurs ayant cosigné cette étude, on retrouve Christophe Chevalier et Ronan Le Goffic, directeurs de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), en France, et Yohannes Berhane, chef du laboratoire canadien de référence sur l’influenza au Centre national des maladies animales exotiques (CNMAE), à Winnipeg.

Cet article a d’abord été publié dans Actualités UQAM le 9 septembre 2024.

Veuillez communiquer avec la soussignée pour des entrevues avec les professeurs Archambault et Bourgault.

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Source :
Evelyne Dubourg
Conseillère en communication
Division des relations avec la presse et événements spéciaux
Service des communications
Tél.: 514 987-3000, poste 20157
dubourg.evelyne@uqam.ca

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