Immigration et santé mentale : une étude de l’UQAM brise certaines croyances
Le 17 janvier 2024 – Une meilleure santé mentale pourrait-elle aider les personnes immigrantes à mieux s’intégrer à leur arrivée? La professeure au Département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Marina Doucerain et son équipe ont corroboré cette hypothèse en menant une étude auprès de 278 personnes nouvellement installées au Québec avec un permis d’étude. Il s’agit d’une première recherche dans le domaine de l’immigration et de la psychologie interculturelle puisque cette question n’avait jamais été étudiée directement.
« Pour répondre à notre hypothèse, nous avons suivi des personnes immigrantes provenant de 48 pays (65 % d’entre eux sont européens) tout au long de leur première année en sol québécois. Nous avons constaté que celles qui arrivaient au pays avec un meilleur bien-être émotionnel s’intégraient mieux que celles dont le bien-être émotionnel était moindre. »
Marina Doucerain
Cette étude, récemment publiée dans la revue scientifique Personality and Social Psychology Bulletin, vient donc inverser une croyance dominante en psychologie interculturelle qui suggère qu’une personne immigrante bien intégrée dans son pays d’adoption jouira d’une meilleure santé mentale. Les participantes et participants âgés entre 16 et 59 ans ont toutes et tous répondu à des questionnaires pour mesurer leur santé mentale à quatre reprises au courant de la même année.
Faits saillants
- Les personnes venant de pays ayant une plus grande distance culturelle du Canada rapportaient moins de bien-être (ex. : La Chine a une plus grande distance culturelle que la France).
- Les résultats d’un des questionnaires proposés aux personnes répondantes indiquent, pour la moyenne de celles-ci, des symptômes légers de dépression.
- Des résultats de bien-être psychologique plus élevés à l’arrivée au pays prédisaient une plus grande intégration (environ 12% par rapport à un résultat moyen) durant leur première année.
- Des résultats de santé mentale plus élevés à l’arrivée au pays prédisaient une plus grande adoption de la culture québécoise et canadienne dominante à travers l’année (environ 4% par rapport à un résultat moyen).
- La majorité des participantes et participants ont adopté une stratégie d’intégration, c’est-à-dire d’adopter la culture québécoise et canadienne tout en conservant la leur (80 %).
« Le gouvernement du Canada a la volonté d’accueillir 485 000 nouvelles personnes issues de l’immigration d’ici 2026. Dans ce contexte, les résultats de nos recherches peuvent certainement aider à élaborer de nouvelles stratégies d’accueil afin d’investir l’argent public dans des ressources et outils fiables pour une intégration réussie. Il faut bien évaluer la santé mentale des personnes immigrantes à leur arrivée, mettre rapidement à leur disposition un soutien émotionnel adéquat et tendre une main accueillante. Souvent, une simple interaction amicale peut faire une grande différence dans leur parcours. »
Marina Doucerain
L’étude complète est disponible sur demande.
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Marina Doucerain est disponible pour des entrevues.
Source :
Joanie Doucet
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