Deux chercheurs de l’UQAM évaluent les effets de la Grande Muraille verte sur le climat
Le 23 février 2024 – Afin de lutter contre les effets des changements climatiques et de la désertification, l’Union africaine a lancé en 2007 une initiative baptisée la Grande Muraille verte pour le Sahel. «Il s’agit sans aucun doute du plus grand projet de géo-ingénierie et de reboisement au monde», souligne le doctorant en sciences de la Terre et de l’atmosphère Roberto Ingrosso, auteur d’un article publié dans la revue One Earth portant sur les impacts climatiques éventuels de cette Grande Muraille verte, qui reste encore largement à réaliser.
À l’origine, le projet devait consister en une plantation massive d’arbres, d’arbustes et de plantes, tel un long couloir de verdure de 15 kilomètres de large traversant tout le continent africain (11 pays) sur un peu plus de 7000 kilomètres, de Dakar, au Sénégal, jusqu’au Djibouti. «Le projet s’est plutôt transformé en une mosaïque d’interventions de reboisement gérées par les différents gouvernements nationaux le long du tracé», observe Roberto Ingrosso. «À l’heure actuelle, environ 10 % à 20 % de la Grande Muraille verte s’est matérialisée, surtout en Éthiopie, au Sénégal et au Niger», précise le professeur Francesco S.R. Pausata, cosignataire de l’article qui dirige la thèse de Roberto Ingrosso avec son collègue Mathieu Boudreault du Département de mathématiques.
À l’aide d’un modèle climatique régional à haute résolution, les deux chercheurs ont évalué les impacts climatiques éventuels selon quatre scénarios, allant d’une basse densité à une extrême densité de végétation.
«Les résultats indiquent une augmentation des précipitations, une réduction de la durée des sécheresses et une diminution des températures estivales au-delà de la région de la Grande Muraille verte par rapport aux scénarios sans muraille, révèle Roberto Ingrosso. La présence de la végétation accentue le phénomène d’évapotranspiration et entraîne un changement de la circulation atmosphérique régionale, ce qui apporte plus de précipitations.»
Plus de précipitations signifie des sols moins arides et plus fertiles, une bonne nouvelle pour les populations locales. Mais l’étude pointe également vers des épisodes de chaleur plus extrêmes au cours de la saison pré-mousson. «La végétation absorbe plus de radiations solaires et cela fait augmenter les températures pendant la période sèche précédant la saison de la mousson», explique Francesco S.R. Pausata.
Il s’agit de l’une des premières études sur les effets climatiques de la Grande Muraille verte. «Il faudra valider ces résultats préliminaires avec d’autres études et analyser les impacts potentiels d’une telle ceinture de végétation sur le climat ailleurs qu’en Afrique, car cela affecte les courants atmosphériques, observe le professeur. Les études portant sur l’époque où le Sahara était recouvert de végétation de savane – il y a 11 000 à 5 000 ans – indiquent, par exemple, des effets sur les cyclones tropicaux, sur la mousson indienne, sur le phénomène El Nino et sur le réchauffement de l’Arctique. Nous poursuivrons donc les travaux en ce sens.»
Cet article a d’abord été publié dans Actualités UQAM le 16 février 2024.
Les cosignataires de l’article, le doctorant Roberto Ingrosso et le professeur du Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère Francesco S.R. Pausata, sont disponibles pour des entrevues.
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Source :
Evelyne Dubourg
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